Renée a franchi la barre des 100 ans. Elle vivait à la maison de retraite HARRIOLA à Saint Pierre d'Irube. Elle a gentiment accepté de répondre à quelques questions en tant que témoin de foi de notre paroisse qui a traversé les vicissitudes de notre siècle ! |
Une présentation en quelques mots :
Je m’appelle Renée BRACQ et je suis née le 25 juillet 1914 à Saint Pierre d’Irube. J'ai eu 3 enfants avec mon mari. Mes parents, puis mon frère Charles, ont longtemps tenu la boulangerie familiale à côté de l’église.
Votre plus vieux souvenir ?
En 1918, à l’âge de 4 ans, je me rappelle encore de l’arrivée des australiens et de l’armistice. J’étais assise sur une borne kilométrique. Des gens chantaient et les cloches sonnaient. Je revois mon père avec un marteau dans chaque main qui pour faire encore plus de bruit allait frapper les cloches.
La période de votre jeunesse ?
Je suis issue d’une famille pratiquante. J’ai eu une enfance privilégiée car j’étais bien entourée familialement. Enfant, je n’étais pas très pieuse, je n’aimais pas les longues prières ni les vêpres. J‘aimais l’école, la plage et le cinéma. En 1939 patatras ma vie a basculé... Mon mari est parti à la guerre comme tous les hommes et a été fait prisonnier. Il a fallu travailler dur comme toutes les femmes à cette époque. De Pau je suis rentrée à Saint Pierre d’Irube pour participer à l’activité de la boulangerie familiale. Il a fallu que je mette la main à la pâte ! J’ai participé à la distribution et à la vente du pain. |
Renée et son "petit" frère Charles de 94 ans |
Renée et ses amies à Harriola |
Quelle amélioration technologique vous a changée la vie ?
La télévision et la radio nous ont changé la vie. La voiture aussi : je savais conduire à 18 ans… sans permis !
Des voyages ou destinations lointaines qui vous ont marqués ?
Rome et surtout la ville ancienne avec son colisée lors d’un voyage avec l’abbé Sarcou. Le Portugal avec une visite de Lisbonne puis la Bavière que j’ai trouvé très belle. La Tunisie en bateau en 1936. J’ai été choquée par le comportement des tunisiennes qui étaient obligés de descendre du trottoir pour laisser passer les français qui s’avançaient en face d’eux.
Quelle est la transformation de la société qui vous touche le plus ?
Le manque de respect des enfants envers leurs maîtres d’école. On est en partie responsable de cela. La vie a beaucoup changé, surtout au niveau religieux. Il n’y a plus de jeunes à l’église. Cela me peine et m’inquiète. J’ai 3 enfants… et 14 arrières petits enfants dont la plupart ne pratiquent pas. Je n’ai pas su leur transmettre ma foi... mais ils sont tous très gentils. Pour voir comment cela va évoluer je voudrais revenir dans 100 ans. |
Quel est le secret de votre longévité ?
Pas d’excès et une vie normale ! J’ai failli mourir à 13 ans, alors que j’ai eu un flegmon sous l’œil… maladie mortelle à 100 % à cette époque. Mon docteur m’a dit : « Quand tu diras cela plus tard personne ne te croira ». La pénicilline n’existait pas encore. Je suis donc une miraculée.
Qu'est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je demande le matin s’il fait beau, si oui je suis contente. De temps en temps je vais faire de petites « blagottes » entre amies. Quand les enfants viennent me rendre visite je suis heureuse et tous les dimanches je vais manger chez ma fille.
La foi en Dieu vous a-t-elle aidé dans votre vie ?
Les épreuves m’ont rapprochée de Dieu. Je l’ai cherché longtemps et il m’a aidé tout au long de ma vie. En lui j’ai trouvé une force et un soutien. |
Interview de Renée suite à une messe à la maison de retraite |