Le père Francis Kohn, postulateur de la cause de canonisation de Pierre Goursat a écrit un livre détaillant sa spiritualité. Prier 15 jours avec Pierre Goursat (1914-1991), c’est chercher à comprendre de l’intérieur l’itinéraire spirituel de cet humble laïc qui a consacré sa vie à la prière et à l’évangélisation. La communauté dont on ne connaît pas le fondateur ! C’est ainsi que beaucoup désignent la Communauté de l’Emmanuel. Qui est donc ce fondateur qui a toujours préféré rester dans l’ombre plutôt que d’occuper le devant de la scène ? Vous pouvez vous procurer le livre ( éditions Nouvelle Cité ) d'où sont tirés ces textes en cliquant ici |
Pierre Goursat était à la fois un contemplatif et un homme d’action qui s’est passionné pour le monde de la culture et a travaillé dans le milieu du cinéma avant de fonder la Communauté de l’Emmanuel. Animé d’une grande charité, il était proche des petits et des pauvres et aidait les personnes en difficulté. Embrasé d’un ardent zèle missionnaire, il a suscité de nombreuses initiatives apostoliques pour soutenir les jeunes et les familles en particulier. Dans le sillage du concile Vatican II, Pierre Goursat a contribué à former une nouvelle génération de laïcs et donné naissance à une forme nouvelle de prêtres diocésains vivant en communauté, engagés avec des laïcs et des consacrés au service de l’Église et de la société |
... Pierre aimait donner des exemples concrets qu’il commentait avec humour : Certains moines du désert se plaignaient qu’il fait très chaud et que les loirs sont bruyants : « Ils nous empêchent de dormir ! » Mais les Pères disent aussi : « Tout convient à celui qui est humble. » Celui qui est humble n’entend pas les loirs, ne trouve jamais qu’il fait trop chaud. Tout va bien. Il est toujours content. ... |
... Pierre avait eu des difficultés d’élocution lorsqu’il était jeune et sa prononciation fut toujours malaisée. Ce n’était pas un orateur qui cherchait à impressionner son auditoire par des discours brillants. Lorsqu’il intervenait en public, il accentuait parfois ses défauts pour bien montrer qu’il n’était qu’un instrument dans l’œuvre que Dieu accomplissait à travers lui. Il se considérait comme un simple canal de la grâce : « Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur » ... |
... Pierre rappelait que l’Esprit Saint agit toujours avec beaucoup de discrétion, sans jamais s’imposer : Le Saint-Esprit est excessivement délicat. Il frappe doucement à la porte ; et nous, on est occupé, on ne l’entend pas. Alors il s’en va et dit : « Je suis venu, mais on ne m’a pas ouvert. » Alors une fois, deux fois, trois fois, ça va ; il est très poli, il dit : « Excusez-moi, je reviendrai. » Finalement, il pense qu’il est indésirable et il s’en va aille. ... |
... Quand on lui faisait cette objection, Pierre répliquait que « prier, ce n’est pas perdre son temps, mais en gagner ! » Il conseillait à chacun d’examiner avec attention ses activités pour supprimer celles qui étaient inutiles, reprenant ce que François de Sales répondit à un évêque qui était trop occupé pour prier une heure : « Eh bien, alors priez deux heures. » ... |
Jour 5 - Contempler l’Emmanuel « Dieu avec nous » |
... En recevant ce nom d’« Emmanuel », la Communauté en assume la signification. Sa vocation est de vivre parmi les hommes dans une grande intimité avec Jésus pour le donner au monde. L’incarnation constitue un aspect essentiel de son charisme. Les membres de la Communauté de l’Emmanuel, qui sont en grande majorité des laïcs, exercent leurs responsabilités familiales et professionnelles et sont appelés à vivre dans le monde sans être du monde (cf. Jn 17,11-16). C’est un appel à s’engager dans l’Église et la société pour annoncer Jésus à tous ceux qui ne le connaissent pas. ... |
... Pierre avait un très grand respect pour la « Présence réelle » : En entrant dans une église, il s’agenouillait ou se prosternait longuement devant le tabernacle. Lorsqu’il priait devant le Saint-Sacrement, Pierre rayonnait de cette présence divine qui l’habitait : « Notre Dieu est un feu consumant ». En sa présence, nous sommes embrasés comme le « buisson ardent » où Dieu se révéla à Moïse : Nous devenons des buissons ardents qui brûlent et ne se consument pas. C’est comme un feu brûlant que le Seigneur désire embraser à partir de nos pauvres vies, qu’ensemble nous consacrons à son service, à la croissance de son Règne d’Amour. ... |
... Pierre disait qu’en nous imprégnant profondément de cette grâce de compassion, nous devenons plus « efficaces » parce que nous évitons alors la tentation de l’activisme. Nous sommes tous appelés à être des « bons Samaritains » pour ceux qui, autour de nous, sont en difficulté : Quand on commence à avoir le cœur pris par la compassion, on se transforme petit à petit. Et il y a là vraiment une puissance du Seigneur, une bénédiction du Seigneur. ... |
... Pierre invitait ses proches à ne pas viser des actes héroïques, des objectifs trop difficiles à atteindre, mais comme Thérèse de l’Enfant-Jésus le recommandait, de commencer par des privations qui ne coûtent pas trop (par exemple, ramasser par terre une épingle, un papier ou sourire à quelqu’un qui nous agace…) : Faites des tout petits sacrifices, les plus petits que vous pouvez trouver. ... |
... Pierre citait souvent cette parole de l’apôtre Paul : « Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi, si je n’annonçais pas l’Évangile ! ». La conscience de notre incompétence ne doit pas nous servir d’alibi : Les apôtres n’ont pas attendu d’être parfaits pour annoncer Jésus. Il nous envoie vers nos frères. ... |
... Pierre priait pour que l’Église trouve un nouvel élan missionnaire. Il souhaitait que les membres de la Communauté puissent ensemble, dans la complémentarité et la solidarité de leurs états de vie, servir l’Église universelle comme les Églises locales. Il pensait qu’il fallait constituer les paroisses en pôles missionnaires vivants pour rejoindre le plus grand nombre, en particulier les plus éloignés de la foi. ... |
... Pierre s’émerveillait que la Communauté tienne bon, grandisse et s’affermisse, alors que tout opposait humainement ses premiers compagnons qui avaient de forts tempéraments et des caractères bien trempés : Ce qui est étonnant, c’est de voir que le Saint-Esprit nous unit. On a l’impression qu’on est une gerbe et que la gerbe est liée ; et si jamais cette gerbe se déliait, tout tomberait, mais avec le Saint-Esprit tout tient. ... |
... Pierre exhortait ses frères de communauté à demeurer unis comme les poissons qui nagent en bancs à contre-courant. La force que donne l’union provient de « la foi opérant par la charité » : C’est vraiment très important cette union de la charité, mais surtout de la foi. Il faut croire avec force que le Seigneur Jésus nous a choisis et qu’il nous a appelés pour une mission. Moins on comprend, plus on est heureux, parce qu’on est dans la foi et on lui dit : « Seigneur, je crois en toi. Je sais que tu es fidèle, que tu nous conduis et que tu as besoin de nous ». ... |
... Pierre invitait ses frères, non pas à se réjouir des épreuves, mais à louer Dieu dans les épreuves : La louange, quand on chante avec joie ou quand on souffre, cela nous apprend petit à petit à louer continuellement… C’est l’antidote absolu du mal, spécialement à l’époque actuelle qui est dans la désespérance. ... |
... Cet amour de charité conduit à la mission : C’est vraiment un secret de son Cœur qu’il nous donne (E039). De même que le cœur humain se contracte et se dilate en permanence pour assurer la vie, de même l’adoration et l’évangélisation constituent les deux mouvements indissociables qui permettent à la vie divine de se diffuser en nous et dans le Corps de l’Église. ... |
... Pierre était profondément ému par l’humilité de Marie qui, dans une totale disponibilité à l’Esprit Saint, s’était soumise librement à la Volonté de Dieu : Marie est très importante pour nous, car c’est un modèle d’humilité, de pureté et d’humilité. Il demandait à la Vierge de le guider sur ce chemin : Marie, apprends-moi l’humilité. ... |